dimanche 30 mars 2008

Deux marocains assis à la campagne

Deux marocains assis à la campagne d'Eugène Delacroix




Vois-tu mon petit, notre pays a dans le sol l'aridité que nous n'avons point dans notre coeur. Il faut donc ainsi, toujours donner obole ou pour s'abriter un coin à tout voyageur.
Mon fusil ne sert qu'à manger et je prends soin à ne pas devenir tueur.

La vie est ainsi faite qu'il est plus aisé d'haïr que d'aimer.
Mais la haine ne fait pas avancer l'âme de l'humain, à l'ennemi il vaut mieux tendre la main. Chercher à comprendre d'où vient le différent. Savoir ce qu'il faut dire pour calmer le dément.
Bon nombre plonge dans la folie, dans la guerre et le sang alors que moi, dans la vie, j'erre en évitant les tourments.
C'est ainsi qu'on devient vieux et sage malgré tout, malgré les crimes odieux et la rage des fous.
Notre sable est imbibé des substances des corps. Il a bien du mal à cacher l'importance des morts.
Ne sois jamais haineux, cela n'apporte rien. Si tu veux vivre vieux, tu te dois d'être sain.

Les hordes barbares ont tué tes parents, il est trop tard, rien ne changera à présent. Morts ils sont, morts ils demeureront , il ne tient qu'à toi d'user de réflexion pour trouver meilleure solution.
Se laisser bercer par la haine n'est que facilité, lutter avec le coeur est de plus grande utilité.
L'ennemi de chaque homme est dans son propre coeur, évite que le tien ne devienne ton tueur. Excise de ton organe la moindre rancoeur et tu demeureras profane des grandes douleurs.

La fatalité a de grandes vertus, notamment de soigner les immenses déconvenues. Rien ne sert de ressasser les évènements passés cherchant à souligner ce qu'il fallait changer. Rien ne changera, ce qui est fait est fait, seul l'avenir tu modifieras à condition de t'y intéresser.

Lâche donc cet arme et viens te blottir dans mes bras. Séche bien tes larmes et regarde devant toi. Les assassins sont des victimes, bien plus que tes parents. Les spadassins, c'est unanime, sont des indigents.
Ne devient pas comme eux, ne soit pas malheureux. Apprends à vivre et non pas à survivre.
Ecoute donc l'avis d'un vieux qui eut la malchance de connaître les deux rives qui bordent l'existence. Celle de la rage, de la colère et du crime et celle plus prospère d'une vie sans abîme.
Choisis le bon côté et n'en dérive jamais, au risque de couler et de n'en point réchapper.

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